26 Aug
TRANSMISSION D’ENTREPRISE : 500 000 DIRIGEANTS BIENTOT CONCERNES – POURQUOI LA GOUVERNANCE EST LA CLE

1. Introduction – Le choc démographique invisible 

Un quart des dirigeants français ont aujourd’hui plus de 60 ans, et un sur dix dépasse déjà les 65 ans (Bpifrance). Derrière ces chiffres se cache un enjeu majeur : celui de la transmission des entreprises.

Chaque année, des milliers de sociétés se retrouvent confrontées à ce moment clé de leur vie, mais trop peu réussissent à franchir le cap sereinement. La réalité est simple : sans gouvernance claire, anticipée et structurée, la transmission peut tourner au drame économique, humain et familial. Au contraire, lorsqu’elle est préparée, elle devient une formidable opportunité de renouvellement et de croissance.

2. Le constat en chiffres Les statistiques sont parlantes : 

  • 185 000 entreprises sont jugées transmissibles chaque année en France.
  • En 2023, seulement 51 000 transmissions ont été réalisées, soit à peine 27 % du potentiel.
  • Pour 2024, les projections annoncent +10 % avec environ 55 000 cessions (Bpifrance, L’Express Franchise).
  • À l’horizon 2035, ce sont 500 000 entreprises qui devront changer de mains, représentant près de 3 millions de salariés (Direction Générale des Entreprises).
  • Le réseau des CCI estime même qu’entre 2022 et 2032, 700 000 entreprises pourraient être concernées.

 Derrière ces volumes, un risque colossal : faute de repreneurs, plus de la moitié des entreprises concernées pourraient disparaître, entraînant la perte de savoir-faire et d’emplois ancrés dans nos territoires. 

3. Transmission et gouvernance : un enjeu vital La transmission d’entreprise n’est pas uniquement une opération financière. Elle est avant tout un exercice de gouvernance

  • Sans gouvernance : les conflits éclatent (héritiers qui ne s’entendent pas, associés qui s’opposent, repreneur mal intégré). L’entreprise peut se retrouver fragilisée au point de ne pas survivre.
  • Avec gouvernance : des règles claires existent pour organiser la transition. Pacte d’associés, charte familiale, comité stratégique ou encore conseil de surveillance permettent de sécuriser la continuité et d’éviter les blocages.

 En somme, gouverner, c’est aussi prévoir la suite et préparer l’après-dirigeant. 4. Transmission familiale ou ouverture à un repreneur externe Deux grandes voies existent : 

Transmission familiale : elle peut sembler naturelle, mais elle exige une véritable préparation. Il faut s’assurer que la nouvelle génération est prête, formée, et qu’elle a la légitimité nécessaire. La mise en place d’une gouvernance partagée (période de co-direction, mentorat du cédant, comités de décision élargis) permet d’éviter les tensions et d’ancrer une transition progressive.

Reprise externe : elle suppose une transparence totale. Valorisation, stratégie, contrats-clés et organisation doivent être formalisés. Sans cette préparation, le repreneur peut découvrir après coup des zones de fragilité qui mettent en danger la reprise. Dans les deux cas, la gouvernance est la condition d’une transmission réussie.

5. Les enjeux humains et territoriaux On l’oublie parfois : derrière chaque entreprise, ce sont des emplois locaux, des familles et un tissu économique qui dépendent du dirigeant.

Lorsqu’une transmission échoue, ce ne sont pas seulement des chiffres qui disparaissent, mais aussi des savoir-faire, des relations clients-fournisseurs, une dynamique territoriale. La gouvernance doit donc intégrer la dimension humaine

  • préparer les salariés à un changement de direction,
  • donner de la visibilité aux partenaires,
  • maintenir la confiance des clients.

 Un dirigeant qui anticipe sa sortie et conserve un rôle d’ambassadeur ou de conseiller au sein du comité stratégique peut faciliter cette continuité. 6. Outils et solutions existantes Bonne nouvelle : des outils existent pour accompagner les dirigeants dans cette étape. 

  • Dispositifs publics : Bpifrance, les CCI, les bourses d’opportunités de reprise, le dispositif fiscal Pacte Dutreil.
  • Solutions privées : cabinets spécialisés, fonds d’investissement dédiés, clubs de repreneurs.
  • Bonne pratique : démarrer le processus 5 à 7 ans avant la cession pour clarifier la stratégie, structurer la gouvernance et identifier des repreneurs crédibles.

 La transmission réussie n’est jamais un “coup de poker” : c’est une construction méthodique

7. Conclusion – Gouverner, c’est transmettre La France entre dans une décennie décisive où une vague massive de transmissions va bouleverser son tissu économique.

Face à ce défi, la gouvernance devient le levier clé pour assurer la pérennité des entreprises, protéger les emplois et préserver le savoir-faire. Sans anticipation, des milliers d’entreprises risquent de disparaître. Mais avec une gouvernance claire et une transmission préparée, ces départs deviennent une opportunité de renouveau, de croissance et de leadership partagé. 

La vraie question pour chaque dirigeant n’est donc pas 

“Quand vais-je partir ?” mais 

“Dans quelles conditions vais-je transmettre ?”


Sources 

  • Bpifrance Création, “Quel est le marché de la reprise d’entreprise ?”
  • Direction Générale des Entreprises (DGE) – Études 2023
  • Réseau des CCI France, “Le mois de la transmission d’entreprise”
  • Aliantis, “Transmission d’entreprises en France : où en est-on ?”
  • L’Express Franchise, “Panorama 2024 de la cession-reprise d’entreprises”
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