Les données numériques sont le nerf de la guerre pour toute entreprise, une panne serveur n’est plus une simple interruption technique : c’est une crise stratégique. Qui dit arrêt dit pertes financières.
Voici le récit d’une PME française qui a connu un blocage total de ses opérations pendant 72 heures. En cause : l’absence de gestion préventive des risques informatiques, une dépendance à un prestataire extérieur non réactif, et une gouvernance trop éloignée des enjeux numériques.
1. Le contexte : une PME en croissance, mais vulnérable
L’entreprise concernée, spécialisée dans les services RH externalisés, emploie 42 collaborateurs. Elle connaît une croissance soutenue (+18 % de CA sur les deux dernières années) et a récemment migré ses outils métiers vers un serveur central hébergé chez un prestataire externe. L’infogérance était assurée par un contrat annuel “standard” sans astreinte ni clause de continuité d’activité explicite. La direction générale, peu technophile, avait considéré l’IT comme un centre de coût, et non comme un levier stratégique.
2. La crise : une panne brutale sans plan B
Un lundi matin, aucun collaborateur ne peut accéder aux dossiers clients. Le serveur principal est à l’arrêt complet. Après vérification, il s’agit d’une défaillance du système de ventilation des serveurs, qui a entraîné une surchauffe et un crash matériel. Pire : le plan de reprise d’activité (PRA) n’existe pas, et le contrat d’infogérance ne garantit pas une remise en service sous 24h. Le prestataire, sous pression, annonce un délai de 3 jours minimum pour relancer les services. En attendant, l’entreprise ne peut ni facturer, ni intervenir chez ses clients, ni répondre aux demandes urgentes.
3. L’aggravation : perte de données et tensions internes
La remise en route effective aura lieu au bout de 4 jours… mais sur la base de la sauvegarde datant de vendredi midi. Trois jours de données sont perdues. Des dizaines de dossiers RH devront être reconstitués manuellement. Les tensions internes explosent : les équipes reprochent à la direction son manque d’anticipation, et les clients les plus importants réclament des pénalités. La crise devient une crise de confiance, en interne comme en externe.
4. Analyse : où sont les failles de gouvernance ?
Plusieurs erreurs ont été identifiées :
5. Enseignements pour les dirigeants de PME
Cette crise, pourtant évitable, illustre cinq principes clés de gestion des risques numériques en PME : 5.1 Digital ne veut pas dire délégué : même avec un prestataire, la responsabilité du dirigeant reste entière.
5.2 Une gouvernance IT est indispensable : un référent, même externe, doit suivre la performance, les incidents, les contrats.
5.3 Les sauvegardes doivent être testées régulièrement, au minimum tous les mois.
5.4 Le PRA n’est pas un luxe, même pour une entreprise de taille modeste.
5.5 Les crises informatiques sont avant tout humaines : il faut anticiper la communication interne et la posture de leadership.
Conclusion Il ne s’agit pas de tout internaliser, ni de craindre l’innovation technologique. Il s’agit de piloter, en conscience.
Une PME qui néglige la gestion de ses risques numériques s’expose à bien plus qu’un simple “bug” : elle met en péril sa réputation, sa rentabilité, et parfois même sa survie.